A mi-chemin entre mon domicile et le lieu de travail, il y a une prairie à chevaux. Chaque jour j'y fait un détour espérant rencontrer les quelques hérons gardeboeufs. Les observer me donne froid. Ils gonflent leur plumage pour s'isoler de la basse température et se déplacent un peu austère espérant déloger un insecte ou un vers vagabond.
L'un de ces jours, je les aperçois tout proche de la route. Au préalable je descends la température de la voiture pour éviter les vapeurs thermiques qui dégradent la netteté des prises de vue ! Je met le clignotant, lève la vitre et m'allonge sur la banquette. Juste le temps de faire 2 ou 3 portraits, les hérons s'envolent ! Pourtant mes gestes ne sont pas brusques. Un homme s'approche de ma voiture : "Bonjour, vous allez bien ? Vous avez un malaise ?"...
5°C, une tenue de plongée de 3mm. L'affût flottant m'intègre parfaitement dans l'environnement. Je suis complètement gelé. Difficile de profiter du spectacle, je tremble comme une feuille. Côté photo, mon index est rouillé. Un phalarope à bec large s'approche de moi.. dangereusement ! Le voilà à quelques mètres, indifférent de l'objet cubique flottant proche. Jamais vu ça, si prêt ! Il est minuscule, je le croyais plus grand... "à force" d'observation dans les jumelles ou la longue-vue ! Je suis gelé de bonheur.
Rien de tout cela ! Je suis endimanché, belle chemise et chaussure brillante. Un appel. Je file avec mon appareil photo et m'allonge à même le sol vaseux pour l'observer. Le phalarope s'approche jusqu'à 2 mètres de mon objectif ! Impressionnant ! Et quelle énergie ce petit limicole ! Et cette nouvelle impression de ne pas se sentir représenter un prédateur, unique ! Je le quitte, le plumage désendimanché... mais heureux !
Le sizerin flammé niche dans la toundra septentrionnale. En cette période automnale, on l'a retrouve en compagnie des tarins dans les boulots, aulnes glutineux... après plusieurs centaines de km dans les ailes ! Cette petite boule de plume est attachante, la photo n'est pas à la hauteur de sa beauté mais il fallait que je vous la montre !
Marouette ponctuée
En faisant mon dernier "tour" nostalgique aux lièvres avant l'ouverture... une femelle de traquet motteux s'est approchée à quelques mètres de la voiture comme pour me consoler ! Un nouvel espoir plein de promesses pour de nouvelles rencontres...
Aïe, dur en ce moment la photo entre les travaux de la maison, la famille, le boulot... Allez une petite photo "contemplative" ! Il manque juste un petit vol de mouettes ou d'oies...
La marée est annoncée pour 11h30, coefficient 103. Les météomanciens annoncent de l'orage et de belles éclaircies.
10h30, il pleut. Nous nous rendons en baie de Somme avant la pleine mer. Aucun vent, mer d'huile. Nous sélectionnons soigneusement notre reposoir, un îlot qui se fera complètement encerclé par les eaux. Pas le droit à l'erreur.
Nous sommes prêts. Les oiseaux sont oppressés par une mer qui monte à une vitesse impressionnante. Il pleut.
11h15, emprisonnés. L'eau est a quelques mètres de notre investiture improvisée. Des bandes de grands gravelots, courlis, barges à queue noire, gravelots à collier interropu... nous frôlent la tête. Nous sommes allongés au sol, ébahis... mouillés ! Le matériel photo est complètement calfeutré. Il pleut.
11h45, aussi vite qu'elle nous étreignit, l'eau nous quitte. Des bécasseaux, et autres petits limicoles nous visitent. Puis la sentence tombe... "j'ai plus d'image sur mon écran LCD ?!" Une quinzaine de minutes plus tard, même punition pour mon 20D ! Puis ce sont les touches qui restent bloquées, mémoire de l'exposition, sensibilité... Il ne me reste plus qu'à passer en focus manuel, seul le déclencheur et les molettes résistent !
Le lendemain, des souvenirs plein la tête. Le matériel est au séchage. Touches bloquées, écran LCD inanimé.